Dès qu'il est question de l'Afrique tropicale, c'est la litanie des calamités naturelles, des contraintes économiques qui s'aggravent. Or les pays de l'Asie tropicale, avec des PNB par tête tout aussi faibles et des contraintes comparables ne donnent pas l'impression d'un tel marasme. Au sein du tiers monde, il y a un problème spécifique de l'Afrique, pas de toute l'Afrique, mais de l'Afrique noire, en raison de ses caractéristiques géopolitiques. Les États d'Afrique noire ne sont pas encore des États-Nations : ils sont affaiblis, sinon paralysés, par les tensions qui perdurent et s'aggravent entre les groupes ethniques. Ces tensions, s'expliquent, en vérité, par la traite des esclaves. En effet jusqu'à la fin du siècle dernier, ce sont des Africains qui ont capturés et vendus d'autres Africains. Il faut surmonter ce terrible héritage et il faut que, dans chaque État, les peuples en discutent pour construire la nation. L'Afrique du Sud montre qu'il n'y a pas que marasme et tragédies en Afrique et qu'il peut s'y passer des choses extraordinaires et inespérées puisque l'apartheid est en voie d'abolition dans un processus relativement pacifique. Mais, du fait des luttes ethniques et des agissements des Blancs ultras, la catastrophe est encore possible. Les États arabes du nord de l'Afrique connaissent un tout autre problème géopolitique : à la différence de l'Afrique noire, il s'agit d'États-nations, mais ces nations sont contestées par les mouvements islamiques qui prônent une autre représentation géopolitique, l'unité islamique.